Reprise des travaux à Queen’s Park

L’Assemblée législative de l’Ontario reprend ses travaux le 20 février, après une longue pause hivernale. La nouvelle saison politique opposera un gouvernement qui fait face à de nombreuses difficultés à des partis d’opposition qui tentent encore de trouver leurs marques.

L’Ontario est à un peu plus de deux ans de ses prochaines élections, prévues pour juin 2026. Les sondages les plus récents suggèrent que les progressistes-conservateurs du premier ministre Doug Ford maintiennent leur avance, tandis que les libéraux, dirigés par la nouvelle chef Bonnie Crombie, sont à la traîne. Les partis seront confrontés à un test électoral dans les mois à venir, avec des élections partielles à venir pour combler les sièges vacants dans Lambton-Kent-Middlesex et Milton. Comme Mme Crombie n’a pas de siège à l’Assemblée législative, elle sera sous pression pour se présenter à Milton – une circonscription qu’elle pourrait gagner, puisque l’ancien député provincial du Parti progressiste-conservateur ne l’a emporté que par quatre points en 2022. L’année dernière, les résultats des élections partielles ont modifié à deux reprises la position des partis à l’Assemblée législative : les libéraux ont gagné Kanata-Carleton contre les progressistes-conservateurs et les Verts ont pris Kitchener-Centre au détriment des néodémocrates.

Le gouvernement de Doug Ford a l’intention de revenir avec une volonté de passer à l’action, littéralement. Mardi, le gouvernement déposera le Get It Done Act, un projet de loi omnibus dont les dispositions vont de l’interdiction des péages autoroutiers à la fin des frais de renouvellement des plaques d’immatriculation, en passant par des changements continus aux pouvoirs locaux en matière d’aménagement du territoire et de planification, destinés à accélérer la construction de logements. Ce projet de loi sera présenté à une Assemblée législative qui n’a que six projets de loi gouvernementaux en suspens, la majorité progressiste-conservatrice ayant efficacement déblayé le terrain et obtenu la sanction royale pour une grande partie du programme du gouvernement à ce jour :

  • Projet de loi 149, Loi visant à œuvrer pour les travailleurs, 2024
  • Projet de loi 151, Loi sur l’amélioration de la gestion des biens immeubles, 2023
  • Projet de loi 153, Loi sur la construction sécuritaire des infrastructures, 2024
  • Projet de loi 155, modifiant la Loi sur l’Institut de recherche agricole de l’Ontario, 2023
  • Projet de loi 157, Loi visant à améliorer l’accès à la justice, 2023
  • Projet de loi 159, Loi sur la prévention de la vente de chiots contraire à l’éthique, 2023

Avec le nouveau projet de loi omnibus, les progressistes-conservateurs de Ford misent sur leur engagement traditionnel pour le portefeuille des Ontariens, tout en tentant également de remettre sur les rails leur programme en matière de logement. L’annulation l’an dernier des modifications apportées à la ceinture de verdure et l’enquête en cours de la GRC sur les actions du gouvernement ont miné ce dernier et continueront à peser sur lui cette année encore. M. Ford a également du mal à expliquer la décision de son gouvernement de transférer les centres ServiceOntario dans les magasins Staples par le biais d’un contrat à fournisseur unique, une décision qui l’expose à davantage de critiques concernant la proximité du gouvernement avec les entreprises. 

Le gouvernement Ford est confronté à un autre défi en 2024 : la politique fédérale. Depuis la pandémie, les progressistes-conservateurs ont fait grand cas de leur relation de collaboration avec les libéraux fédéraux. Mais avec les libéraux de Justin Trudeau à la traîne dans les sondages et les probabilités croissantes que les conservateurs de Pierre Poilievre remportent les prochaines élections fédérales, Ford a commencé à prendre ses distances, en particulier en ce qui concerne la taxe sur le carbone. Le Get It Done Act de M. Ford créera une nouvelle exigence de référendum avant qu’une taxe sur le carbone puisse être imposée en Ontario, et il a commencé à attaquer Bonnie Crombie en la qualifiant de « reine de la taxe sur le carbone ». M. Ford est également confronté à la tentation de membres de son caucus de se présenter aux élections fédérales. L’élection partielle de Milton est le résultat de la démission de l’ancien député Parm Gill pour se présenter au niveau fédéral. D’autres députés du Parti progressiste-conservateur pourraient soupeser leurs options, mais encore faut-il que le parti fédéral souhaite les accueillir.

L’opposition officielle de l’Ontario est toujours dirigée par le Nouveau Parti démocratique de Marit Stiles, bien que les libéraux de Bonnie Crombie semblent attirer davantage l’attention. Néanmoins, le NPD aborde la nouvelle session en se concentrant sur le logement, les soins de santé et le coût de la vie, cherchant à se définir par rapport aux libéraux en pleine résurgence.

Les libéraux de l’Ontario se sentent plus confiants à l’approche de la session, même s’ils seront privés de Bonnie Crombie à l’Assemblée législative jusqu’à ce qu’elle se trouve un siège.  Le parti souligne l’amélioration de la collecte de fonds depuis la course à sa direction de l’année dernière, ce qui lui a permis de rembourser sa dette de campagne pour 2022. Le parti a ajouté un membre au caucus en remportant l’élection partielle de Kanata-Carleton, et il est optimiste pour Milton, que Bonnie Crombie s’y présente ou non.

Le Parti vert de l’Ontario compte désormais deux sièges, après l’élection d’Aislinn Clancy lors de l’élection partielle de Kitchener-Centre. Le parti continue de se renforcer dans certaines régions du sud-ouest de l’Ontario, mais une percée plus large lui échappe toujours. Les Verts, le NPD et les libéraux peinent à se démarquer les uns des autres, présentant tous une opposition de centre-gauche à Doug Ford.

PAA suivra de près le retour en chambre, notamment en ce qui concerne le projet de loi omnibus Get It Done Act. Comme tout projet de loi omnibus, il est probable qu’il contienne des surprises.  La session à venir montrera si les progressistes-conservateurs de Ford peuvent rester sur la voie du respect du budget et du logement, ou si des crises qu’ils ont eux-mêmes créées les feront dérailler, ou encore si l’un des partis d’opposition de l’Ontario se détache du peloton et présente une alternative crédible. À deux ans des élections, beaucoup de choses restent à déterminer.