Les entreprises sont-elles prêtes à appliquer de nouvelles normes d’information en matière d’environnement? 

Les entreprises à travers le monde se sont fixé des objectifs environnementaux, sociaux et de gouvernance (ESG) en identifiant les meilleurs moyens pour les atteindre. De plus en plus, les décisions relatives aux investissements sont basées sur la durabilité, ce qui signifie que la façon dont elles évaluent et communiquent leurs progrès revêt une importance accrue.

Au cours des prochains mois, le Canada mènera des consultations auprès d’autres juridictions sur le processus d’harmonisation des normes d’information. Le Conseil canadien des normes d’information sur la durabilité (CCNID) a publié son premier projet de normes, soumis à une consultation qui se tiendra de la mi-mars à juin 2024. L’objectif est de s’assurer que les normes canadiennes soient davantage alignées avec les normes d’information internationales en matière d’ESG et de bilan carbone, tout en y apportant des modifications pour répondre aux besoins du marché canadien. La consultation portera sur trois documents clés : les Normes canadiennes d’information sur la durabilité (NCID) 1 et 2, ainsi qu’un document de travail qui propose les changements pour le Canada. Bien que les entreprises canadiennes doivent tenir compte de ces trois éléments, la NCID 2 propose spécifiquement que les informations relatives au climat se concentrent désormais sur les risques physiques (par exemple, les catastrophes naturelles), les risques transitoires (par exemple, les risques technico-économiques et socio-économiques) et les opportunités liées au climat.

Quelles sont les implications pour les entreprises canadiennes ? Les entreprises devront être de plus en plus sensibilisées aux enjeux entourant le développement durable, mais tout cela ne peut se faire sans le fameux « ruban à mesurer » pour juger des progrès accomplis. Par exemple, nous connaissons bien les unités métriques et impériales, mais calculer les émissions de carbone est quelque peu différent. Pour quantifier les émissions de carbone, les acteurs privés et publics doivent mettre en œuvre des modèles d’analyse du cycle de vie qui sont de plus en plus complexes et qui sont capables d’offrir des calculs dans des unités standardisées et comparables.

L’analyse du cycle de vie, ou ACV, désigne l’évaluation de l’impact environnemental sur l’ensemble du cycle de vie d’un produit ou d’un service, y compris les phases de production, de distribution, d’utilisation finale et de fin de vie. Du point de vue de la durabilité de la chaîne de valeur, l’utilisation des méthodologies de l’ACV gagne en popularité en raison de sa réputation en tant qu’outil quantitatif fiable permettant d’évaluer de manière la plus complète l’impact associé à un produit dans un secteur de valeur ajoutée donné.

Pour soutenir l’investissement durable et la croissance respectueuse de l’environnement, les entreprises doivent continuer à développer des rapports détaillés sur leurs émissions de gaz à effet de serre (GES). Elles doivent également développer des analyses de données afin d’identifier les possibilités de réduction des émissions, suivre les performances et impliquer les fournisseurs. Cela permettra de mieux comprendre les émissions indirectes au niveau de l’entreprise et des produits. En fin de compte, l’analyse du cycle de vie sera l’outil qui permettra d’évaluer l’impact environnemental d’une chaîne d’approvisionnement et d’obtenir les précieux résultats nécessaires dans le cadre des prochains rapports 1 et 2 de la CCNID, ainsi que d’autres normes internationales.

Une situation critique

Pour répondre aux exigences d’information concernant les réglementations et les normes plus strictes, non seulement au Canada mais dans le monde entier, il est nécessaire d’investir dans les ressources de type ACV. Les entreprises peuvent avoir besoin de renforcer leurs capacités internes ou décider d’externaliser et ainsi concourir dans le domaine très spécifique des ressources ACV disponibles. 

On ne saurait trop insister sur l’importance des données pour garantir la qualité d’une étude ACV et la production de résultats solides. Les bases de données actuelles ne peuvent pas suivre le volume et la demande élevée en matière d’analyse du cycle de vie. Les entreprises peuvent choisir de commencer à construire des bases de données indépendantes d’inventaire du cycle de vie pour suivre les flux de produits et les données relatives aux flux d’entrée et de sortie pour les émissions au sein d’un système de produits. Toutefois, dans un monde idéal, tout le monde s’entraiderait afin d’identifier des solutions adaptées à la divulgation de leurs données afin que les bases de données actuelles d’inventaire du cycle de vie soient bien complétées. Autrement dit, il serait préférable que nous nous entendions tous sur une unité de mesure unique pour aller de l’avant.

Le nœud du problème entourant l’ACV repose sur le fait que, pour atteindre nos objectifs climatiques mondiaux, les entreprises sont poussées par les réformes réglementaires à venir, les normes internationales et nationales en matière de rapports et les initiatives de financement durable. Aujourd’hui plus que jamais, les entreprises investissent dans les données nécessaires à l’établissement d’inventaires du cycle de vie appropriés, ainsi que dans le personnel nécessaire à la réalisation de précieuses évaluations du cycle de vie qui montreront la valeur environnementale d’une entreprise aux yeux des investisseurs, des acheteurs et des consommateurs. La voie à suivre n’est plus linéaire. Mais le dénominateur commun est que les entreprises doivent investir dans l’approche de l’évaluation du cycle de vie pour rester compétitives.