Problèmes de grande ville : les problèmes de Toronto ont un impact sur la politique fédérale et ontarienne

Après 144 jours, Toronto a de nouveau un maire à temps plein. Olivia Chow, ancienne députée du NPD, a pris ses fonctions le 12 juillet après avoir battu 101 autres candidats lors de l’élection partielle du 26 juin. Mme Chow a remporté le poste avec 37 % des voix contre 32 % pour l’ancienne maire adjointe Ana Bailão, les autres candidats étant loin derrière. Mme Chow est la première candidate de gauche à remporter la mairie depuis 2006 et, grâce à sa victoire, elle a élargi la carte électorale de la gauche du centre-ville à la banlieue de Toronto.

Mme. Chow pourrait avoir la malchance d’hériter des crises croissantes de la ville. Toronto est confrontée à un déficit budgétaire de plus de 900 millions de dollars cette année, en raison de la baisse des recettes de la Toronto Transit Commission (TTC) et de la montée en flèche du coût du système d’hébergement de Toronto. Comme Toronto doit équilibrer son budget chaque année, la ville a puisé dans les fonds de réserve et réduit les dépenses d’investissement ces dernières années pour combler le déficit, qui ne fait que s’aggraver. La ville affirme que les contribuables torontois ne devraient pas avoir à supporter seuls ces coûts. Le système de transport en commun de Toronto transporte les navetteurs de l’extérieur vers le cœur économique de la ville. Le système d’hébergement de Toronto s’efforce d’accueillir à la fois un flux croissant de réfugiés et de demandeurs d’asile, ainsi que des populations touchées par la toxicomanie et les crises de santé mentale. Ces défis ne sont pas nés à Toronto, mais en tant que plus grand centre urbain du Canada, elle en est le point focal. La couverture médiatique des demandeurs d’asile dormant dans la rue devant les abris du centre-ville a finalement incité le gouvernement fédéral à agir, mais les problèmes plus vastes demeurent.

Pendant la campagne électorale, la ville a demandé l’aide des gouvernements fédéral et de l’Ontario, mais n’a reçu aucun financement supplémentaire dans le budget 2023. Mme. Chow a promis d’augmenter les taxes sur la propriété et le transfert de terrains pour les riches afin de générer plus de revenus, mais ces augmentations de taxes ne couvriront pas les besoins de la ville, sans parler des nouvelles dépenses promises par Mme. Chow pendant la campagne. En l’absence de nouvelles sources de revenus, Toronto devra faire face à d’importantes hausses d’impôts et à des réductions de services, à moins qu’un autre niveau de gouvernement n’intervienne.   

Les difficultés budgétaires de Toronto sont aggravées par le caractère inabordable des logements. Des décennies de politique de zonage restrictive ont laissé la ville avec une pénurie de logements qui a fait gonfler les prix à l’extrême. Selon certains rapports, Toronto perdrait même des logements au lieu d’en ajouter. La ville a apporté des modifications majeures à ses règles de zonage au cours de la campagne pour faciliter les options du « milieu manquant », mais elle pourrait avoir besoin d’être poussée à aller plus loin.   

La crise du logement à Toronto attire des solutions politiques de la part de presque tous les partis politiques. Le gouvernement progressiste-conservateur de l’Ontario promet de construire davantage de logements et a adopté l’année dernière une législation ambitieuse accordant des pouvoirs de « maire fort » pour y parvenir. Mme. Chow a toutefois promis de ne pas utiliser ces pouvoirs. Au niveau fédéral, une série de mesures de dépenses destinées à accélérer la construction de logements n’a pas encore donné de résultats. Pendant ce temps, le leader conservateur Pierre Poilievre passe du temps à faire campagne à Toronto contre les « gardiens », promettant de retenir les fonds fédéraux pour les villes qui ne construisent pas assez de logements. Il semble que le leader conservateur serait ravi d’avoir l’occasion de se présenter contre des scènes de dysfonctionnement urbain sous le premier maire de gauche de la ville depuis plus d’une décennie. Mais en mettant l’accent sur le logement, M. Poilievre lance le premier appel cohérent des conservateurs aux électeurs urbains depuis une génération.

Ces crises et les réponses politiques qui y sont apportées placent Toronto et son avenir au centre des débats politiques canadiens. Avec 25 sièges à pourvoir à la fois à la Chambre des communes et à l’Assemblée législative de l’Ontario, la ville elle-même est une puissance électorale, et deux douzaines d’autres sièges au-delà de ses frontières partagent des tendances de vote similaires. Les libéraux de Justin Trudeau ont balayé la ville à trois reprises, bien qu’en 2011 les conservateurs de Harper aient fait des percées significatives. Les progressistes-conservateurs de Doug Ford dominent les quartiers extérieurs de la ville, tandis que le NPD s’approprie une grande partie du centre. Le paysage politique est très compétitif et l’émergence de questions litigieuses sur l’avenir de Toronto donnera lieu à des courses passionnantes lors des prochaines élections fédérales et provinciales.

PAA suivra tout cela de près, au cœur de l’action.