Huit ans après que le monde ait convenu de limiter le réchauffement climatique à 1,5 °C par rapport aux niveaux préindustriels d’ici 2030 grâce à l’Accord de Paris, les 198 parties se réuniront à la COP28 à Dubaï le 30 novembre pour la première évaluation mondiale. Cette conférence de 13 jours sera déterminant pour atteindre cet objectif, car la trajectoire actuelle de la planète pourrait dépasser la limite de 1,5 °C dans les six prochaines années. Avec une grande anticipation entourant les accords de correction de cap et les détails du plan de financement climatique de la COP16, le Canada cherchera certainement à maintenir sa réputation en tant que leader climatique sur la scène mondiale malgré les critiques nationales sur ses propres progrès en vue des objectifs de neutralité carbone.
Les discussions porteront sur des mesures concrètes visant à remplir les engagements pris lors des précédentes éditions de la COP, principalement les objectifs de l’Accord de Paris pour 2030 et l’objectif du Plan de financement climatique de mobiliser collectivement 100 milliards de dollars américains par an d’ici 2025 pour soutenir les efforts d’atténuation et d’adaptation au changement climatique dans les pays en développement, objectifs qui ne sont probablement pas atteints au rythme actuel de progression. D’autres points à l’ordre du jour incluent l’utilisation de l’eau et des terres, les transports, la santé et les systèmes alimentaires, la paix, ainsi que les impacts de la transition énergétique sur l’industrie et le commerce. Le développement de l’hydrogène vert devrait également être au centre des discussions de la conférence, le Canada cherchant à sécuriser des milliards de dollars d’investissements potentiels.
Le rôle des combustibles fossiles dans la trajectoire mondiale de décarbonisation résultant de la COP28 suscite beaucoup d’anticipation. Le président désigné de cette année, Sultan Ahmed Al Jaber, est également le directeur général de l’Abou Dhabi National Oil Company, une position qui a engendré des spéculations sur la possibilité qu’il cherche à utiliser la plate-forme de la COP28 pour promouvoir les intérêts commerciaux dans le secteur du pétrole et du gaz. En tant qu’hôte de la conférence, les Émirats arabes unis ne seront pas les seuls confrontés aux intérêts contradictoires d’une économie axée sur le pétrole et aux objectifs mondiaux de décarbonisation ; le Canada a fait l’objet de critiques de la part de certains acteurs environnementaux pour avoir opté, lors de la COP27, en faveur d’une réduction progressive plutôt que d’une élimination progressive du pétrole, du gaz et du charbon, une proposition qui n’a finalement pas obtenu un consensus assez large pour être adoptée. Cette année, le Canada plaidera en faveur d’une action en vue d’une élimination progressive du charbon et soutiendra la tarification du carbone, mais toute l’attention se portera sur la manière dont les pressions politiques et les élections imminentes dans le pays influenceront sa position sur le pétrole et le gaz. Le Ministre canadien de l’Environnement et du Changement climatique, Steven Guilbeault, a laissé entendre qu’un engagement visant à réduire les émissions nationales de méthane au-delà des objectifs de l’Engagement mondial sur le méthane pourrait être annoncé lors de la COP, principalement grâce à des réglementations qui réduiraient les émissions de pétrole et de gaz de 75 %. Avec le soutien des États-Unis, la France s’apprête également à présenter une politique d’exclusion du charbon pour les sociétés financières et d’assurance privées, une initiative qui devrait rencontrer l’opposition de l’Inde et de la Chine.
Le ministre Guilbeault dirigera la délégation canadienne et a été invité par le président désigné à jouer le rôle de co-facilitateur des discussions avec les autres ministres de l’environnement. La liste complète des membres de la délégation ne sera pas publiée avant le début de la COP, mais on s’attend à ce qu’elle comprenne le ministre de la science et de l’innovation, François-Philippe Champagne, ainsi que l’ambassadrice chargée du changement climatique, Catherine Stewart, ainsi que des diplomates, des hauts fonctionnaires, des parlementaires, des dirigeants autochtones et des jeunes. Deux des critiques les plus virulentes des mesures environnementales du gouvernement fédéral, les premiers ministres de l’Alberta et de la Saskatchewan, Danielle Smith et Scott Moe, seront également présents pour veiller à ce que leurs provinces soient représentées de manière adéquate.
Le Pavillon du Canada organisera une semaine complète de programmes reposant sur trois piliers principaux : l’ambition, la mise en œuvre et le partenariat. Le programme du Pavillon réunira les principaux acteurs canadiens de la transition énergétique mondiale, avec la participation de représentants de la chaîne d’approvisionnement en minéraux essentiels, des technologies propres telles que l’hydrogène à faible teneur en carbone, et du secteur de la défense du climat, ainsi que quelques acteurs habituels de l’industrie pétrolière et gazière. Le programme comprendra des sessions telles que « Le leadership canadien dans la transition verte » et « Désinformation climatique et polarisation » pour promouvoir l’action climatique du gouvernement, ainsi que des sessions plus ciblées sur les contrats sur différence pour le carbone, un corridor de transport maritime vert mondial, l’agriculture durable, et bien plus encore. Au pavillon du Clean Resource Innovation Network, les intervenants canadiens mèneront également des discussions sur l’importance de développer des marchés durables pour les biocarburants et le carburant d’aviation durable lors d’une session qui se tiendra le 3 décembre.
À l’approche de l’année 2030, la COP28 offre au monde l’occasion de réaffirmer son engagement envers l’Accord de Paris et la coopération mondiale, dans un contexte de tensions géopolitiques croissantes. PAA suivra attentivement la conférence depuis Dubaï et depuis Ottawa afin de tenir nos clients informés des implications de ces discussions importantes.