Un aperçu des relations fédérales-provinciales en 2023

Avec le premier mois de l’année 2023 étant bientôt derrière nous, le gouvernement du Canada a rapidement commencé à se préparer pour l’année à venir. Avant le retour du Parlement, l’équipe de PAA s’est penchée sur un élément de la politique et du gouvernement qui ne manquera pas de jouer un rôle important dans le sort des gouvernements à travers le Canada tout au long de l’année à venir: les relations fédérales-provinciales.

Les élections: Changement de direction ou doublement des effectifs?

Trois élections provinciales doivent avoir lieu d’ici la fin de 2023: L’Alberta à la fin du mois de mai, et l’Île-du-Prince-Édouard et le Manitoba au début du mois d’octobre.

Alors que la première ministre de l’Alberta, Danielle Smith, du Parti conservateur uni, tente de contrecarrer le retour de l’ancienne première ministre et chef du NPD de l’Alberta, Rachel Notley, les politiciens fédéraux porteront une attention particulière à la volonté et à l’intérêt de chaque chef fédéral à s’engager dans le discours provincial. Pierre Poilievre fera-t-il publiquement campagne avec l’UCP en Alberta et lui apportera-t-il son soutien? Comment Jagmeet Singh s’engagera-t-il auprès d’un autre chef du NPD, mais avec lequel il a été en profond désaccord par le passé? Justin Trudeau profitera-t-il davantage de l’élection d’une première ministre (Notley) avec lequel il est plus souvent alignée, ou d’une première ministre (Smith) contre laquelle il pourra faire campagne lors des prochaines élections?

Plus tard dans l’année, le Manitoba et l’Île-du-Prince-Édouard suivront avec leurs propres élections. À Winnipeg, la première ministre Heather Stefanson du Parti progressiste-conservateur cherche à apporter une troisième victoire électorale consécutive à son parti, après celles de Brian Pallister en 2016 et 2019. Wab Kinew, chef du NPD du Manitoba, mène son parti dans une deuxième élection, cherchant à capitaliser sur l’élan dont bénéficie son parti, étant donné les mauvaises cotes d’approbation constantes de Stefanson depuis son arrivée au pouvoir. L’élection de Kinew serait une étape importante: le premier premier ministre autochtone d’une des dix provinces du Canada.

À l’Île-du-Prince-Édouard, le premier ministre Dennis King, des progressistes-conservateurs, cherche à remporter une deuxième victoire contre Peter Bevan-Baker et les verts de l’opposition officielle. Le premier ministre King a vu sa cote de popularité chuter de 12 % entre août et décembre 2022, alors que les habitants de l’Île sont confrontés au taux d’inflation les plus élevés du pays, au prix record du carburant et aux conséquences de l’ouragan Fiona. Malgré cette perte de confiance, les progressistes-conservateurs ont conservé une avance considérable sur le Parti vert et les libéraux avec le soutien de 49 % des électeurs décidés, mais il ne fait aucun doute que le premier Parti vert du Canada à obtenir le statut d’opposition officielle s’efforcera de convertir les 38 % d’électeurs de l’Î.-P.-É. encore indécis.

Les soins de santé: l’écoulement du sablier

Les soins de santé, qui ont déjà dominé une grande partie des conversations fédérales-provinciales en 2022, continueront d’être le sujet de prédilection des premiers ministres provinciaux en 2023. Les dirigeants provinciaux et territoriaux ont toujours demandé au gouvernement fédéral de faire passer sa part des coûts de santé de 22 à 35 pour cent. Les dirigeants fédéraux, dont le ministre de la Santé, Jean-Yves Duclos, et le ministre des Affaires intergouvernementales, Dominic Leblanc, ergotent tous deux sur le calcul du pourcentage de financement qui provient d’Ottawa, et insistent sur l’utilisation d’indicateurs de santé clés communs pour créer un système de données sur la santé cohérent dans tout le Canada.

Pour les Canadiens, la question est de savoir quand et comment, et non pas si le gouvernement fédéral investira dans les soins de santé. Le premier ministre de l’Ontario, Doug Ford, et le premier ministre du Québec, François Legault, ont tous deux exprimé (ici et ici), au cours des dernières semaines, un certain optimisme quant à la conclusion d’un accord sur les soins de santé avec Ottawa. Alors que les histoires d’hôpitaux débordés, de salles d’urgence en sous-effectif et d’arriérés de chirurgie se multiplient dans tout le pays, les politiciens fédéraux seront confrontés à des questions cruciales sur la façon dont ils traiteront le dossier de la santé:

À quoi peut-on s’attendre lors de la rencontre des premiers ministres sur la santé du 7 février? Les libéraux fédéraux réussiront-ils à convaincre les provinces et les territoires à établir des ententes bilatérales, comme ils l’ont fait en 2017 sur les soins de santé, et de nouveau en 2021 sur les services de garde d’enfants? Quels choix la ministre fédérale des Finances, Chrystia Freeland, sera-t-elle obligée de faire pour soutenir une augmentation du financement provenant des coffres fédéraux? Comment Pierre Poilievre va-t-il capitaliser sur la question des soins de santé? Yves-Francois Blanchet, chef du Bloc québécois, s’opposera-t-il à toute intrusion dans les compétences provinciales en matière de soins de santé? Comment Jagmeet Singh garantira-t-il les priorités du NPD, à savoir un programme élargi de soins dentaires, un régime national universel d’assurance-médicaments et des investissements dans les soins de longue durée?

Priorités législatives fédérales: Une transition juste, le contrôle des armes à feu et le coût de la vie

Avec 25 projets de loi encore à l’ordre du jour au Parlement à l’approche de 2023, le gouvernement fédéral a une liste longue et variée de priorités qu’il espère accomplir au cours de l’année à venir. Comme toujours, les dirigeants provinciaux porteront une attention particulière aux lois qui, selon eux, pourraient nuire à leurs citoyens et à leurs objectifs politiques. Voici trois priorités législatives actuelles ou prévues qui pourraient devenir des enjeux fédéraux-provinciaux en 2023.

Le ministre des Ressources naturelles, Jonathan Wilkinson, s’attend à ce que l’année 2023 soit bien remplie, avec notamment une nouvelle loi sur la  » transition équitable  » et un important projet d’électricité dans l’Atlantique. Les provinces productrices de pétrole, dont Terre-Neuve-et-Labrador, l’Alberta et la Saskatchewan, se joindront sans doute au reste des provinces pour passer le projet de loi au peigne fin, une fois qu’il sera déposé. Le projet de la boucle de l’Atlantique, qui propose d’acheminer l’hydroélectricité du Labrador et du Québec vers le Nouveau-Brunswick et la Nouvelle-Écosse, est une autre composante du plan du gouvernement fédéral visant à décarboniser et à élargir le réseau électrique.

Le contrôle des armes à feu, et plus particulièrement les amendements au projet de loi C-21, qui élargissent l’interdiction des armes à feu pour inclure celles qui sont couramment utilisées pour la chasse, a été largement critiqué par les leaders de l’opposition fédérale, ainsi que par les leaders autochtones et provinciaux de tout le Canada. Avec l’obstruction et les retards du Comité permanent de la sécurité publique et nationale tout au long de l’examen article par article du projet de loi, on peut s’attendre à ce que cette question reste sur le radar des politiciens fédéraux et provinciaux tout au long de 2023.

Enfin, alors que les experts prédisent une autre année difficile pour l’économie canadienne, la patate chaude politique du coût de la vie demeurera une question pressante à laquelle tous les politiciens devront faire face. Compte tenu des taux d’intérêt élevés, de l’augmentation du prix des aliments et de l’absence de lumière à court terme au bout du tunnel proverbial, les provinces et le gouvernement fédéral chercheront à soulager leurs électeurs avec des budgets au printemps, tout en s’assurant que la responsabilité de la crise incombe à quelqu’un d’autre.