Réflexions sur le rôle du Canada à la COP27

La COP 27, la conférence annuelle des Nations Unies sur les changements climatiques, s’est officiellement terminée le week-end dernier à Sharm el-Sheikh, en Égypte. Pour le gouvernement fédéral canadien, ces conférences ont été utilisées comme forum important pour présenter ses nouvelles mesures en matière de climat – y compris un plafond sur les émissions de méthane. Cette fois-ci, à la différence des COP précédentes, la communauté internationale a redoublé ses efforts pour éliminer progressivement les combustibles fossils, ce qui laisse penser qu’il pourrait s’agir d’un thème important à l’avenir.

La COP27 du Canada

Puisque le premier ministre Trudeau a choisi de participer à d’autres événements mondiaux tels que le sommet du G20 et le sommet de l’ANASE au lieu d’assister à la COP27, le ministre de l’Environnement et du changement climatique, Steven Guilbeault, a mené le Canada à la COP27 en mettant l’accent sur l’objectif international de mobiliser 100 milliards de dollars américains par an en financement climatique pour les pays en développement et les petits états insulaires de 2020 à 2025.

Un aperçu récent de ces efforts – qui sont codirigés par le Canada – a révélé qu’une « augmentation annuelle de plus de 20 milliards de dollars US serait nécessaire pour atteindre l’objectif de 100 milliards de dollars US. » L’étude a toutefois noté qu’il y a eu « un certain nombre de développements positifs » en termes de collecte de fonds et que ces efforts pourraient finalement atteindre leur objectif d’ici 2023. Les délégués à la COP27 ont doublé cette promesse – en publiant le 19 novembre un engagement renouvelé en faveur d’un mécanisme de financement climat à long terme.  

Alors que les négociations commençaient à prendre forme et que plusieurs pays poussaient pour l’inclusion de l’élimination progressive de tout combustible fossil dans l’accord final, le Canada a été critiqué pour sa production continue de pétrole et de gaz. Le ministre Guilbeault a déclaré que le Canada ne serait pas ouvert à l’ajout du pétrole et du gaz dans le langage de l’élimination progressive en raison des préoccupations de contestation juridique et qu’il fallait se concentrer sur les règlements et les politiques qui réduisent les émissions de gaz à effet de serre. En fin de compte, la formulation appelant à « l’élimination progressive de tous les combustibles fossils » n’a pas été ajoutée au plan de mise en œuvre global de Sharm el-Sheikh, et le document a au lieu exigé des signataires qu’ils mettent fin à la production de charbon thermique et qu’ils éliminent progressivement des subventions aux combustibles fossils.

Trois résultats à surveiller à l’avenir

Renforcer la position du Canada en tant que chef de l’action climatique

L’année dernière, lors de la COP26 à Glasgow, le ministre des Ressources naturelles, Jonathan Wilkinson, s’est engagé à donner la priorité au soutien des technologies propres et à mettre fin à tout nouveau soutien public direct au secteur international des combustibles fossils d’ici la fin de 2022. Le gouvernement du Canada doit élaborer une orientation politique pour aider à définir le cadre de cet engagement. L’énoncé économique de l’automne 2022 a donné un premier aperçu de la forme de ce soutien aux technologies propres par le biais de dispositions telles qu’un crédit d’impôt à l’investissement et le Fonds de croissance du Canada. De plus, le ministre Guilbeault a réaffirmé l’engagement d’accélérer l’élaboration de politiques essentielles.

Le respect de la seconde moitié de cette promesse permettrait au Canada de demeurer un chef mondial en ce qui concerne ses engagements environnementaux.

Efforts pour développer la production nationale d’hydrogène

Selon le dernier World Energy Outlook de l’Agence internationale de l’énergie (AIE), notre monde est confronté à une pénurie d’énergie propre et l’une des meilleures façons de renforcer la sécurité énergétique en temps de crise est d’investir dans la décarbonisation. Il semble que le gouvernement fédéral soit d’accord avec cette approche, puisqu’il a récemment signé un accord visant à « renforcer la sécurité énergétique de l’Allemagne grâce à l’hydrogène canadien propre. » Cet accord engage le Canada à exporter « de l’hydrogène […] propre d’ici 2025 » via « un corridor d’approvisionnement transatlantique Canada-Allemagne. » L’énoncé économique de l’automne 2022 proposait un crédit d’impôt à l’investissement pour l’hydrogène propre basé sur l’intensité de carbone du cycle de vie, pour lequel le ministère des Finances devrait lancer une consultation dans les semaines à venir.

Augmentation du financement pour le climat

En tant que co-chef de l’effort mondial visant à mobiliser des capitaux pour aider les pays en développement et les nations insulaires à s’adapter aux changements climatiques, le Canada a intensifié ses propres engagements financiers envers ces états. Il s’est notamment engagé à verser 10 millions de dollars pour financer les « systèmes d’alerte précoce multirisques dans les Caraïbes, le Pacifique et l’Asie du Sud-Est » et a renouvelé sa promesse de respecter l’engagement canadien de 5,3 milliards de dollars en matière de financement international du climat.

À l’approche de 2023, ces efforts seront-ils mis en œuvre et suffiront-ils aux libéraux pour que la communauté internationale salue le Canada comme innovateur d’un avenir à faible émission de carbone ? Seul le temps nous le dira, mais PAA suivra de près les annonces que fera le gouvernement fédéral pour renforcer sa crédibilité en matière de climat.