Questions pour le nouveau chef du Parti conservateur

Les militants du Parti conservateur du Canada espèrent que cette troisième tentative de transformer un nouveau chef en Premier ministre sera la bonne. La fin de semaine dernière, Pierre Poilievre, député de la région d’Ottawa et ancien ministre, a aisément devancé ses quatre adversaires au premier tour du scrutin pour remporter une victoire époustouflante. La campagne de M. Poilievre a démarré rapidement il y a plus de sept mois et n’a jamais montré le moindre signe de ralentissement. Les rassemblements organisés dans le pays entier ont attiré des milliers de partisans et l’ont aidé à vendre un nombre record de 312 000 nouvelles cartes de membre du parti. M. Poilievre a bâti sa campagne autour d’un thème : redonner aux canadiens le contrôle de leur vie. M. Poilievre a également reçu le plus grand nombre d’appuis du caucus conservateur.

Malgré cette campagne et cette victoire impressionnantes, plusieurs questions restent en suspens au sujet de M. Poilievre. Son équipe et lui doivent maintenant s’atteler à y répondre s’il espère remplacer Justin Trudeau comme Premier ministre.

Qui est Pierre Poilievre ?

Nous connaissons les grandes lignes : il a 43 ans, il est député depuis 18 ans, c’est un ancien ministre, et il est connu pour son style agressif. Sa manière de poser des questions pointues à la Chambre des communes lui a valu la réputation de bagarreur. Comment le Parti conservateur va-t-il l’encadrer et comment va-t-il s’encadrer lui-même ? Il continuera assurément à employer son approche directe pour exiger des comptes au gouvernement libéral, et il n’a pas caché qu’il fera du coût de la vie son principal cheval de bataille. 

Cependant, il commencera probablement à se présenter aux électeurs de manière plus personnelle, tel que nous l’avons vu au début de la campagne à la direction du PCC. Il faut s’attendre à ce que l’on insiste beaucoup sur le fait que M. Poilievre a été élevé par deux enseignants francophones de la Saskatchewan. On s’attend aussi à ce que sa famille – sa femme et ancienne conseillère politique Ana, et ses jeunes enfants Valentina et Cruz – soit bien visible.

Il ne fait aucun doute que M. Poilievre sera la cible d’attaque de ses adversaires, qui lui reprocheront de semer la discorde et de courtiser les complotistes. Les conservateurs devront rapidement le présenter sous un jour différent pour éviter que le nouveau chef soit défini par les libéraux.

Comment le message de M. Poilievre va-t-il changer maintenant qu’il est le chef de l’opposition ?

Liberté et « gardiens ». Deux des mots les plus souvent utilisés et qui ont eu un grand succès auprès des militants conservateurs durant la campagne de M. Poilievre. Mais entre la base militante et le grand public, il y a parfois de grandes divergences. Va-t-il s’éloigner de son message partisan pour tenter de séuire un auditoire plus large? Si l’on regarde sa feuille de route, on peut se permettre d’en douter. M. Poilievre a présenté sa vision politique dans son essai universitaire de 1999 intitulé « Si j’étais Premier ministre ».  Ne vous attendez pas à ce qu’il s’éloigne de ces principes. Il ne fait aucun doute que sa position sur l’accessibilité et le coût de la vie sera au centre de ses efforts de communication, alors que les Canadiens continuent de faire face à des taux d’inflation élevés. C’est peut-être aussi un domaine que M. Poilievre considère comme un point faible pour M. Trudeau.

Cependant les Canadiens voudront entendre parler d’autres enjeux qui leur tiennent à cœur, du changement climatique aux affaires étrangères. M. Poilievre devra trouver un moyen de rester concentré sur les thèmes qui lui tiennent à cœur tout en présentant des politiques dans d’autres domaines.