L’Assemblée législative de l’Ontario est de retour, mais pour combien de temps ?

Le long été politique de l’Ontario touche à sa fin, avec le retour imminent de l’Assemblée législative prévu pour le 21 octobre. Les députés siégeront pendant sept semaines avant les vacances – une session écourtée qui promet de préparer une campagne électorale imminente.

Les spéculations entourant la possibilité d’élections anticipées ne sont plus l’apanage d’Ottawa. Depuis l’été, les progressistes-conservateurs (PC) de l’Ontario, dirigés par le premier ministre Doug Ford, se préparent à aller aux urnes avant la date prévue de juin 2026. Bien que le premier ministre Ford ait exclu l’idée de déclencher des élections en 2024, son calendrier pour 2025 semble très ouvert. Les PC de l’Ontario ont commencé à nommer des candidats et à former des directeurs de campagne, tout en lançant une campagne prolongée d’annonces négatives visant la chef libérale Bonnie Crombie. 

Pourquoi le premier ministre et les PC voudraient-ils se lancer en élection plus tôt que prévu ? Tout d’abord, les sondages sont bons. Les PC de l’Ontario conservent une avance décisive sur les libéraux et les néo-démocrates, dirigés par Marit Stiles. Et ce, en dépit d’un taux d’approbation généralement faible du gouvernement et de Doug Ford. Deuxièmement, la scène politique fédérale pourrait faire de l’ombre à l’Ontario, l’impopularité croissante du Premier ministre Justin Trudeau détournant les sentiments d’hostilité envers M. Ford et pesant en même temps sur les libéraux de l’Ontario. Si les PC parviennent à organiser des élections dans ces circonstances, ils pourraient obtenir une nouvelle majorité qui les maintiendrait au pouvoir jusqu’en 2029. S’ils attendent après les élections fédérales, ils risquent de devenir la prochaine cible de la frustration et de la déception du public, tout en devant gérer l’imprévisibilité d’un nouveau gouvernement fédéral conservateur sous la direction de Pierre Poilievre. Le déclenchement anticipé des élections est un risque, mais attendre 2026 l’est tout autant.

 Avant de se lancer en campagne électorale, le premier ministre Ford semble prêt à consacrer la session d’automne à l’élaboration d’une série de questions litigieuses à l’encontre de Bonnie Crombie. Il tient à présenter l’ancienne mairesse de Mississauga comme étant hostile aux automobilistes et aux usagers des transports en commun de la région du Grand Toronto. Il souhaite également éviter les questions plus difficiles, notamment en matière de soins de santé. Tout d’abord, le gouvernement présentera un projet de loi obligeant les municipalités à obtenir l’approbation de la province avant de remplacer les voies réservées aux véhicules par des pistes cyclables.  Certains déploiements de pistes cyclables à Toronto et à Mississauga se sont avérés impopulaires auprès des automobilistes, et M. Ford cherche à obliger M. Crombie à choisir soncamp. Le premier ministre se fait également le champion de la construction d’un nouveau tunnel autoroutier sous l’autoroute 401. Qualifier cette idée de « mégaprojet » serait un euphémisme, mais l’ensemble de ces nouvelles priorités souligne la manière dont il compte remporter ses élections anticipées – en se concentrant sur les conducteurs et les usagers des transports en commun de la banlieue de Toronto. Et comme si cela ne suffisait pas, l’énoncé économique de l’automne du gouvernement, prévue pour le 30 octobre, enverra des remises individuelles d’environ 200 dollars à tous les adultes et enfants de la province.

La large majorité de Doug Ford signifie que la plupart des projets de loi du gouvernement sont adoptés de manière efficace, mais il reste quelques points en suspens depuis le printemps. Ces projets de loi, actuellement en deuxième lecture, devraient être adoptés à l’automne :

  • Projet de loi 197, Loi pour prévoir des routes et des communautés plus sûres, 2024 (axé sur les mesures relatives à la conduite en état d’ébriété et à la sécurité routière).
  • Projet de loi 194, Loi visant à renforcer la cybersécurité et la confiance dans le secteur public, 2024 (axé sur les systèmes d’IA et la cybersécurité dans le secteur public).
  • Projet de loi 190, Loi visant à œuvrer pour les travailleurs, 2024 (axé sur les conditions de travail, y compris l’obligation de disposer de toilettes).

Le NPD de l’Ontario, bien qu’il soit l’opposition officielle depuis 2018, a du mal à se faire entendre. Le parti a récemment lancé une nouvelle campagne publicitaire, « It’s Marit« , qui présente la chef du parti et la positionne comme une alternative audacieuse et compatissante à Doug Ford. Le parti conserve certains atouts : un caucus de l’opposition plus important avec des députés chevronnés, ainsi que les ressources liées au statut de parti officiel à l’Assemblée législative. Pendant ce temps, les libéraux de l’Ontario sont également en difficulté, bien que le parti puisse se prévaloir d’avoir fait un certain progrès au cours de l’année dernière. Lors de la récente élection partielle dans la baie de Quinte, les libéraux ont attiré un candidat local de premier plan et se sont classés derrière le Parti progressiste-conservateur. Les libéraux améliorent leur collecte de fonds, bien qu’ils aient été à la traîne du NPD pour 2024. Ils prévoient de se concentrer sur les soins de santé lorsque l’Assemblée législative reprendra.

Cette courte séance de sept semaines ouvrira une période pré-électorale dont la date de fin est inconnue. PAA continuera à suivre l’évolution de la situation en Ontario et à tenir ses clients au courant des développements.