Élections au Nouveau-Brunswick : Une course serrée malgré les sondages

Les électeurs du Nouveau-Brunswick se rendront aux urnes le 21 octobre pour élire leur prochain gouvernement provincial. Le premier ministre sortant, Blaine Higgs, chef des progressistes-conservateurs (PC), cherche à obtenir un troisième mandat et le principal adversaire de M. Higgs est la dirigeante libérale Susan Holt, ancienne présidente du Conseil d’entreprises du Nouveau-Brunswick.

Le premier ministre Higgs est à la tête d’un gouvernement qui commence à montrer des signes de ralentissement. Plusieurs ministres de premier plan et députés du PC ont démissionné à la suite de scandales. Le gouvernement est en chute dans les sondages alors que les libéraux les devancent de 6 % en moyenne et  qu’un sondage montre les libéraux avec une avance de 11 %.  

Malgré ces revers, les PC peuvent conserver un avantage stratégique grâce à leur capacité très efficace à convertir les votes en sièges.  À l’image des victoires des libéraux fédéraux en 2019 et 2021, où ils ont obtenu moins de voix mais davantage de sièges que les conservateurs, les PC bénéficient d’un vote particulièrement efficace. Ils bénéficient d’un fort soutien dans le sud anglophone, où les sièges sont nombreux, tandis que les libéraux dominent le nord francophone. Cette répartition électorale signifie que les PC pourraient potentiellement obtenir une majorité même s’ils perdent le vote populaire global.

En tant que seule province officiellement bilingue, la langue joue un rôle important dans l’écosystème politique de la province. Les libéraux obtiennent généralement de bons résultats au sein de la communauté francophone, tandis que les progressistes-conservateurs courtisent généralement les anglophones. En 2018, Kris Austin a mené la People’s Alliance, un parti politique populiste principalement axé sur le traitement des anglophones dans la province et opposé au bilinguisme officiel, à trois sièges à l’Assemblée législative. Avec les Verts, ce parti détenait un pouvoir politique important. Ils ont été réduits à deux sièges à la suite des élections provinciales de 2020 et ont rejoint les PC en mars 2022, peu après que le parti ait été désenregistré et que M. Austin ait rejoint le cabinet de M. Higgs.

M. Higgs est confronté à une bataille difficile puisqu’aucun premier ministre n’a réussi a remporter trois mandats consécutifs depuis 1995. Néanmoins, M. Higgs a déjà défié les pronostics en remportant un gouvernement minoritaire surprise en 2018. Pendant ce temps, Holt, bien que relativement nouvelle à l’Assemblée législative, doit surmonter la carte électorale difficile de son parti et se démarquer des libéraux fédéraux en difficulté.

Le « chiffre magique » est de 25, c’est-à-dire le nombre de sièges dont un parti a besoin pour obtenir une majorité. Les libéraux cibleront probablement la ville de Moncton, qui possède une forte concentration de résidents francophone, et peut-être Fredericton (où M. Holt a grandi), tout en conservant leur avance dans le nord. En revanche, M. Higgs doit augmenter sa popularité dans le sud et réduire les gains potentiels des libéraux à Moncton et à Fredericton pour conserver son poste de premier ministre.

L’AP et les Verts jouent un rôle d’imprévisibles dans cette élection. S’ils parviennent à détourner suffisamment de voix de l’un ou l’autre des partis respectifs, ils pourraient donner au parti opposé un avantage significatif dans cette course serrée ou jouer les faiseurs de roi si l’élection aboutissait à un gouvernement minoritaire.         

Avec des dynamiques imprévisibles en jeu, y compris l’influence des petits partis, l’élection du Nouveau-Brunswick reste une course à surveillée.