Le Parti libéral du Canada est au cœur d’une course à la chefferie cruciale, dont le dénouement déterminera qui sera le remplaçant du premier ministre Justin Trudeau en tant que chef du parti et, potentiellement, en tant que prochain premier ministre du Canada. La course se termine ce week-end, en plein milieu de l’escalade de la guerre commerciale entre le Canada et les États-Unis, déclenchée par l’imposition par Donald Trump de droits de douane de 25 % sur les importations en provenance du Canada. La future orientation du parti étant en jeu, cette course à la chefferie est l’un des moments les plus cruciaux de l’histoire récente des libéraux. Le résultat façonnera leur approche en vue des prochaines élections fédérales et déterminera comment ils se positionneront face au Parti conservateur de Pierre Poilievre.
Vous trouverez ci-dessous un aperçu des tenants et des aboutissants de la course, qui, par ailleurs, s’est déroulée très rapidement.
Qui vote ?
Les électeurs éligibles à la course devaient s’inscrire en tant que membre du Parti libéral avant le 27 janvier à 17 heures (heure de l’Est). Ils doivent être âgés d’au moins 14 ans et être citoyens canadiens, résidents permanents ou avoir un statut en vertu de la Loi sur les Indiens. Puisque que le vote se déroule par voie électronique, le parti demande aux électeurs admissibles de vérifier leur identité auprès de Postes Canada, soit par l’entremise de l’application Postes Canada, soit en personne, au plus tard le 7 mars à 17 heures (heure de l’Est).
Comment cette élection est-elle organisée ?
Le vote a débuté le 26 février et se poursuit jusqu’au 9 mars à 15 heures (heure de l’Est). Le processus de vote suit un système de classement, permettant aux membres du parti de classer les candidats par ordre de préférence. Le parti attribue 100 points à chaque circonscription et accorde aux candidats des points proportionnels à leur part du vote dans chaque circonscription. Si aucun candidat n’obtient plus de 50 % du total des points au premier tour, le candidat le moins bien classé est éliminé et ses points sont redistribués en fonction des deuxième et troisième choix des électeurs. Ce système est similaire à celui qu’a utilisé le Parti conservateur lors de leurs récentes élections pour la chefferie du parti.
Bien que le Parti libéral insiste sur le fait que le vote électronique est la méthode la plus sûre et la plus accessible, de nombreux électeurs ont trouvé le processus lourd et difficile à suivre. Les personnes âgées et les personnes qui ne sont pas familières avec la technologie, en particulier, ont pu se sentir exclues. Ceci dit, le vote en ligne était la seule méthode viable compte tenu du délai très court de l’élection.
Les candidats
Mark Carney, ancien gouverneur de la Banque du Canada, s’est imposé comme le grand favori de la course. Ayant levé le plus de fonds, il s’est positionné comme le candidat le mieux outillé pour relever les défis économiques. Sa grande expertise financière lui a valu un fort soutien, mais sa performance lors des débats sur le leadership a laissé certains dubitatifs sur sa capacité à rejoindre les électeurs sur un éventail plus large de questions.
Chrystia Freeland, ancienne vice-première ministre et ministre des Finances, participe également à la course. Personnalité phare du gouvernement Trudeau, Mme Freeland apporte une expérience et une crédibilité significatives à la course. Toutefois, elle devra relever le défi de se démarquer de l’héritage de M. Trudeau, car de nombreux membres du parti sont à la recherche d’une nouvelle opportunité et non d’une continuité. Bien qu’elle ait mis en avant ses compétences de négociatrice, notamment lors des négociations de libre-échange avec les États-Unis lors du premier mandat du président Trump, elle a eu du mal à définir une vision unique qui la différencie de la trajectoire du gouvernement actuel.
Karina Gould, ancienne députée du gouvernement, s’est positionnée comme la candidate la plus proche des gens. Elle met l’accent sur les individus plutôt que sur les politiques, en prônant une approche plus directe du leadership, axée sur la communauté. La campagne de Mme Gould s’est concentrée sur l’engagement direct avec les membres du parti et sur la mise en évidence des préoccupations quotidiennes, plutôt que sur les politiques économiques globales.
L’ancien député et homme d’affaires Frank Baylis prend également part à la course. Sa performance lors des débats a dépassé les attentes de beaucoup, bien qu’il n’ait pas gagné autant de terrain que les autres candidats.
L’annonce
Les libéraux se réuniront à Ottawa le 9 mars, où les résultats seront lus en direct après la fin du vote à 15 heures (heure de l’Est). Le vainqueur devrait être connu en début de soirée, en fonction du nombre de tours de scrutin à comptabiliser. À l’approche de la fin de la course, tous les regards seront tournés vers Ottawa pour voir qui sortira vainqueur et prendra la tête du parti avant d’être assermenté en tant que Premier ministre dans les jours qui suivront.